© Victor Perrin

Hors de ses terres lausannoises, Etienne Machine a verni vendredi soir l’excellent album A Playground For The Crowd. Et le Chat Noir, bien rempli, a été rassasié.



Quand on lit la biographie du groupe vaudois, les références sont multiples : Massive Attack, Black Country New Road ou encore Arcade Fire. Mais Etienne Machine est Etienne Machine. Il y a cette voix puissante, ce son nappant et cette rythmique percutante. Nous avions déjà pu les voir, au hasard d’un détour, à la Fête de la Musique de Lausanne en 2022. Une année et demie plus tard, le groupe s’est présenté notamment avec une musicienne en moins au Chat Noir de Carouge, mais toujours avec l’énergie des derniers instants.

À cinq, c’est donc tout autant incisif. Depuis sa formation en 2018, le groupe a mué du duo au sextet en passant par le quintet justement. Et si jouer les compositions des EPs Off & Off (2021) et Over & Out (2022) n’était pas la raison d’être du groupe vendredi, le groupe a surtout voulu montrer que la sortie récente de A Playground for the Crowd sonnait comme l’aboutissement d’un processus créatif très intéressant. La patte, aussi, du label neuchâtelois Humus Records qui déteint sur ses excellents artistes signés (Emilie Zoé, Louis Jucker, etc.).

Du studio au live ? Aucun souci !

Durant cette soirée au Chat Noir, le groupe emmené par le guitariste Arnaud Cuendet s’est amusé sur le répertoire des dix titres que propose cet album sombre, profond, qui raconte les dérives des réseaux sociaux et les relations humaines ayant mutées durant ces dernières décennies. Et le rock est toujours la marque première du groupe lorsque l’on entend la voix atomique de Asher Varadi sur What if I Say?, l’une des meilleures chansons de l’album.

Sur scène, c’est la reproduction fidèle du son qui y est faite. L’assurance que, durant un concert d’Etienne Machine, la qualité est au rendez-vous après deux ans de travail en studio. On y retrouve aisément des influences trip-hop chères à Portishead qui se voient ici comme une magnifique manière d’intégrer des synthétiseurs puissants sur des morceaux comme Time And Time Again ou No Way Around.

Devant un parterre affichant complet, Etienne Machine a enclenché les boutons pour interloquer le public. Dans le bon sens du terme. Il aura, durant une bonne heure, écouté attentivement, applaudit chaudement car c’était mérité. Le travail scénique, avec l’utilisation parcimonieuse des instruments et des effets vocaux prouvent encore une fois que la scène romande est exceptionnelle et qu’elle regorge de groupes de qualité. Quelle visibilité pour le groupe lausannois à l’avenir? On espère des performances dans des festivals reconnus, et des salles pertinentes comme l’est le Chat Noir à l’échelle de Genève.

Etienne Machine aura réussi son passage du studio au live. C’est la marque d’un vernissage réussi, qui s’est terminé comme il a commencé: avec sincérité.